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que tu as été au couvent. Que cela façonne une fille ! — Oh ! vraiment, me répondit-elle, si je n’y avais jamais été, j’ignorerais bien des choses que je sais. — Eh ! dis-le-moi donc ce que tu sais, repris-je vivement ; je meurs d’envie de l’apprendre.

Il n’y a pas longtemps, continua Suzon, que, pendant une nuit fort obscure, je dormais d’un profond sommeil ; je fus réveillée en sentant un corps tout nu qui se glisser dans mon lit ; je voulus crier, mais on me mit la main sur la bouche, en me disant : Tais-toi ; je ne veux pas te faire de mal ; est-ce que tu ne reconnais pas la sœur Monique ? Cette sœur venait, depuis peu, de prendre le voile de novice ; c’était ma meilleure amie. — Jésus, lui dis-je, ma bonne, pourquoi donc venir me surprendre dans le lit ? — C’est que je t’aime ! me répondit-elle en m’embrassant. — Et pourquoi êtes-vous toute nue ? — C’est qu’il fait si chaud que ma chemise même est trop pesante ; il tombe une pluie terrible ; j’ai entendu le tonnerre qui grondait : j’en ai bien peur ; ne l’entends-tu pas aussi ? Quel bruit il fait ! Ah ! serre-moi bien fort, mon petit cœur ; mets le drap par dessus notre tête pour ne pas voir ces vilains éclairs. Là, bon ! Ah ! ma chère Suzon, que j’ai peur ! Moi, qui ne crains pas le tonnerre, je tâchais de rassurer la sœur, qui, pendant ce temps-là, me passait sa cuisse droite entre les miennes et sa gauche par dessous, et, dans cette posture, elle se frottait contre ma cuisse droite,