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le nom que portait alors votre serviteur. Adieu, Saturnin, me dit-elle en m’embrassant. Pour le coup, je ne fus en reste de rien avec elle. Nous sortîmes.

Je me sentais dans une disposition qui assurément m’aurait fait honneur auprès de Mme Dinville, sans la visite imprévue de ces ennuyeux complimenteurs ; mais ce que je sentais pour elle n’était pas de l’amour, ce n’était qu’un désir violent de faire avec une femme la même chose que j’avais vu faire au père Polycarpe avec Toinette. Le délai d’un jour que Mme Dinville m’avait donné me paraissait immense. J’essayai, chemin faisant, de remettre Suzon sur les voies, en lui rappelant l’aventure de la veille. — Que tu es simple, Suzon ! lui dis-je. Tu crois donc que je voulais te faire du mal hier ? — Que voulais-tu donc me faire ? répondit-elle. — Bien du plaisir. — Quoi ! reprit-elle avec une apparence de surprise, en me mettant la main sous la jupe tu m’aurais fait bien du plaisir ? — Assurément ; si tu veux que je t’en donne la preuve, lui dis-je, viens avec moi dans quelque endroit écarté. Je l’examinais avec inquiétude ; je cherchais sur son visage quelques marques des effets que devait produire ce que je lui disais : je n’y voyais pas plus de vivacité qu’à l’ordinaire. Le veux tu bien ? dis, ma chère Suzon, continuais-je en la caressant, — Mais, encore, reprit-elle sans faire semblant d’entendre la proposition que je lui faisais, qu’est-ce