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tais mécontente de sa lenteur à m’apprendra de bouche les mouvements de son cœur ; il me comprit, et, m’abordant d’un air timide, me dit : Un homme qui, pour la première fois qu’il a eu le bonheur de vous voir, a mérité votre colère, peut-il aujourd’hui se présenter à vos yeux ? Si le repentir le plus vif peut faire oublier ma faute, vous devez me voir sans indignation. Sa voix était tremblante. Je lui répondis que le galant homme faisait oublier l’imprudence du jeune homme. — Vous ne connaissez pas toutes mes fautes, reprit-il ; votre bonté vient de me pardonner un crime : j’ai plus besoin que jamais de cette même bonté. Il se tut après ces mots, et, quoique je l’entendisse, je lui répondis que je ne connaissais pas la nouvelle offense dont il voulait me parler. — Celle de vous adorer, me dit-il en collant un baiser sur ma main. Il comprit par mon silence que ce crime était excusable ; et dans la crainte de m’ouvrir trop, je le quittai charmée de mon amour.

J’étais persuadée que, si Verland était sincère, il trouverait occasion de me le prouver ; il pénétra le motif de ma retraite, et me laissa partir en souriant. J’entendis ses soupirs, les miens y répondaient au fond du cœur. Que te dirais-je ? Une seconde entrevue lui valut l’aveu de ma tendresse et la permission de me demander à ma mère en mariage. Elle le refusa : j’en fus au désespoir. Son refus irrita notre amour, Verland en était accablé. Cette imprudente démarche nous ôtait