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Ah ! me dit-elle, je ne suis plus surprise que tu m’aies réconciliée avec le plaisir que j’avais résolu de haïr ! Je songeai moins à lui demander la cause qu’à lui prouver, en le lui faisant goûter de nouveau, qu’elle avait eu tort de former une pareille résolution. Elle me reçut dans ses bras avec une vivacité inexprimable. Étroitement serrés, à peine pouvions-nous respirer : le lit ne pouvant plus soutenir nos secousses, il suivait l’impression de nos corps, il craquait effroyablement. Une douce ivresse succéda bientôt à nos efforts, et nous nous endormîmes couchés l’un sur l’autre, étroitement serrés, langue en bouche, vit au con.

L’aurore nous trouva endormis dans cette posture, et, soit que l’imagination eût fait distiller cette eau délicieuse qui annonce le feu intérieur, soit que nous eussions déchargé machinalement, nous nous réveillâmes tout trempés. Bientôt nous renouvelâmes nos plaisirs, et j’eus assez de force pour m’en acquitter monacalement. Je ne dirai pas combien de fois je n’eus pas la peine d’enconner. Je passe rapidement à vous informer du sujet qui avait jeté ma dévote dans mes bras.

Je lui voyais un air d’inquiétude et de tristesse qui me pénétrait. Je la priai tendrement de s’expliquer et d’être persuadée que je remédierais à sa douleur, à quelque prix que ce fût. — Perdrai-je ton cœur, cher Saturnin, me dit-elle en me regardant languissamment, quand je t’avouerai que tu