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se retrouver à huitaine, car ces banquets ne se faisaient pas tous les jours : les revenus du père Casimir, qui régalait ordinairement, n’y auraient pas suffi. Nous nous séparâmes les meilleurs amis du monde, Marianne et moi. La pauvre enfant ne tarda guère à s’apercevoir qu’il était dangereux de jouer avec moi ; sa ceinture devint bientôt trop courte : on m’en donna la gloire. Le père Casimir prit soin de conduire les choses secrètement ; il était juste qu’il prît sur lui les risques du hasard auquel il exposait sa chère nièce. Elle en sortit à son honneur, et tout aurait été le mieux du monde, si cette grossesse inattendue n’avait pas mis le désordre dans nos assemblées nocturnes. J’essayai le remède de Casimir, et, sur ses traces, je me rendis bientôt redoutable au cul de tous nos novices ; mais je retombai peu de temps après dans mes anciennes erreurs, et les plaisirs du con m’enlevèrent à ceux du cul.

Un beau jour, après avoir chanté ma première messe, le prieur me fit avertir d’aller dîner dans sa chambre. J’y fus, et je trouvai avec lui quelques anciens qui me reçurent, ainsi que le prieur, avec de vives accolades que je ne savais à quoi attribuer. Nous nous mîmes à table, et nous fîmes une chère de prieur : c’est tout dire. Quand le vin, que sa révérence avait soin de ne pas choisir dans le plus mauvais cru, eut répandu la gaieté dans la conversation, je fus surpris d’entendre mes doyens, donnant l’essor à leur langue, lâcher