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sant la tête, attendait sans mouvement que, par une cinquième décharge, je lui donnasse le coup de grâce ; elle le reçut, et, après l’avoir savouré pendant quelques minutes, s’échappa de mes mains et me dit qu’elle se rendait. Fier de ma victoire, je lui versai une rasade, j’en pris autant, et nous scellâmes dans le vin notre réconciliation.

Ce combat fini, chacun se mit à sa place, et Casimir entama l’éloge de la bougrerie. Possédant à fond cette matière, il s’en acquitta bien, il passa en revue tous les bougres célèbres : il y trouva des philosophes, des papes, des empereurs, des cardinaux. Il remonta à l’aventure de Sodome, soutint qu’on avait falsifié, par jalousie, ce mémorable événement, et, cédant tout à coup à son enthousiasme, il finit son éloge par ces vers :


Taisez-vous, censeurs indociles,
Étourdissez les sots de vos voix imbéciles,
Mais n’allez pas fouiller dans l’histoire des temps.
Vous osez, ignorants reptiles,
Des écrivains les plus habiles
Altérer les beautés et corrompre les sens.
Sodome, ce n’est point par un souffle funeste
Que furent consumés tes heureux habitants ;
C’est par un feu divin, c’est par un feu céleste :
Sodome, que n’étais-je alors de tes enfants !


Le discours du père reçut les applaudissements qu’il méritait et qu’il était sûr de recevoir des assistants, en traitant un sujet qui leur était si agréable. On foutit encore, tant en cul qu’en con ; on but, on rit et on se sépara, avec promesse de