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patientent ainsi que vos éloges. Décampez, ou je vous… La vivacité avec laquelle je parlai lui fît rompre son sérieux. Il éclata de rire, et, me tendant la main : Va, me dit-il, touche là, frère ; je ne te croyais pas si bon vivant ; ne te branle plus : tu es digne d’un meilleur sort ; laisse cette viande creuse, je veux te faire part de quelque chose de plus solide. Sa franchise excita la mienne, je lui tendis la main à mon tour. Je ne suis pas défiant, lui dis-je, quand on agit ainsi ; j’accepte vos offres. — Allons, reprit-il, parole d’honneur, tantôt je vous prends à minuit dans votre chambre. Boutonnez votre culotte, ne tirez plus votre poudre aux moineaux ; vous en aurez besoin. Je vous quitte ; ne sortez qu’après moi ; il ne faut pas qu’on nous voie ensemble : cela pourrait nous nuire ; à tantôt. Je demeurai surpris après le départ du moine. Il n’était plus question de se branler ; occupé de sa promesse, j’y rêvais sans la comprendre. Que veut-il dire par cette viande dont il veut me régaler ! Si c’est quelque novice, je n’en veux pas. Je raisonnais en sot, je n’en avais pas goûté. Lecteur, êtes-vous plus habile que je ne l’étais alors ? Oui, dites-vous ; n’est-il pas vrai que ce n’est pas un si mauvais morceau ? Le préjugé est un animal qu’il faut envoyer paître. Le goût fait tout. Est-il rien de plus charmant qu’un joli giton, blancheur de peau, épaules bien faites, belle chute de reins, fesses dures, rondes, un cul d’un ovale parfait, étroit, serré, propre, sans poil ? Ce n’est pas là