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main ne s’y arrêta pas longtemps, quelque plaisir qu’elle y sentît : elle passa au conin. La motte, le ventre, les tétons, tout était aussi doux, aussi uni qu’à une jeune fille. Je maniais, je baisais, je suçais, on me laissait faire, et mon feu ranimant celui de ma belle, elle cessa de soupirer, se rapprocha de moi et moi d’elle. De la tristesse je la fis passer à l’amour ; je l’enconnai. — Ah ! me dit-elle alors, cher abbé, qui t’a conduit ici ? Que ton amour me va coûter de larmes ! Quoique attendri par ce discours, mes transports redoublèrent : je serrai tendrement ma nymphe, confondis mes soupirs avec les siens, et scellai, par des élancements de volupté, les délices qui les avaient précédés. L’extase finie, je me rappelai les paroles qu’on venait de m’adresser. Où suis-je ? me dis-je alors. Est-ce avec Françoise ? Quelle différence de plaisirs ! Mais elle me prend pour l’abbé ; elle dit que mon amour va lui faire verser des larmes : partagerait-elle avec Nicole les hommages de ce faquin-là ? Elle est apparemment jalouse, la bonne dame ; elle croyait posséder toute seule le cœur de son mignon. Pourquoi est-elle vieille ? Pourquoi est-elle laide ? Malgré sa laideur, j’eus encore assez de hardiesse pour m’exposer au désagrément de l’examen dont je m’étais si mal trouvé après les premiers coups. Ma main impatiente brûlait de retourner sur son corps sec et décharné ; et quoique je sentisse que le dégoût serait le prix de mon