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pant pour m’émouvoir. Elle me lâcha la main, et, étendant les bras avec un mouvement étudié, elle m’étala une partie de ses charmes. Leur aspect me tira de mon engourdissement ; je me réveillai, la vivacité reparut sur mon visage, l’idée de Suzon se dissipa ; mes yeux, mes regards, mon impatience, tout fut pour Mme Dinville ; s’apercevant de l’effet de sa ruse, et pour exciter mes feux, elle me demanda ce qu’était devenu l’abbé. J’eus beau regarder, je ne le voyais pas ; je sentis ma sottise. — Il est sorti, reprit-elle ; et, affectant de jeter un peu son drap, en se plaignant de la chaleur, elle me découvrit une cuisse extrêmement blanche, sur le haut de laquelle un bout de chemise paraissait mis exprès pour empêcher mes regards d’aller plus loin, ou plutôt à dessein d’exciter ma curiosité. J’entrevis pourtant quelque chose de vermeil qui me mit dans un trouble dont elle reconnut le motif. Elle recouvrit adroitement l’endroit qui avait fait tout l’effet qu’elle espérait. Je lui pris la main, qu’elle m’abandonna sans résistance ; je la baisai avec transport ; mes yeux étaient enflammés, les siens brillants et animés. Les choses se disposaient à merveille ; mais il était écrit que, malgré les plus belles occasions, je ne serais pas heureux. Une maudite femme de chambre arriva dans le temps qu’on n’avait pas besoin d’elle. Je lâchai vite la main, la soubrette entra en riant comme une folle ; elle se tint un moment à la porte, pour se dé-