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fort inquiété certain grand coquin d’écolier de philosophie qui venait quelquefois passer huit ou dix jours au presbytère, moins par amitié pour le curé que pour sa charmante nièce, que le maraud serrait de près, et de si près que… Mais il n’est pas encore temps de raconter ce qui m’arriva à ce sujet.

Mademoiselle Nicole (c’était le nom de cette aimable personne), telle que je viens de vous la présenter, était l’objet des tendres vœux de tous les pensionnaires. Les externes voulaient aussi s’en mêler ; les grands étaient assez bien reçus, les petits fort mal. Je n’étais pas des plus grands, par malheur pour moi. Ce n’est pas que je n’eusse plusieurs fois tenté de pousser ma pointe auprès de cette pouponne, mais mon âge parlait contre moi. Plus je protestais que je n’étais jeune que par la figure, moins on me croyait ; et pour finir de me désespérer, on confiait mes entreprises amoureuses à Mme Françoise, qui les confiait à M. le curé, et celui-ci ne me ménageait pas. J’enrageais d’être petit, car je voyais bien que c’était là la cause de mes malheurs.

La difficulté de réussir auprès de Nicole m’avait dégoûté. Des rebuts de la part de la nièce, des étrivières de la part du curé, il n’y avait pas moyen d’y tenir. Tout cela n’avait pas éteint mes désirs ; ils n’étaient que cachés, la présence de Nicolle les ralluma. Il ne leur manqua plus qu’une occasion d’éclater ; elle ne tarda pas à venir,