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Histoire de Dom B…


forcée d’uſer de ſévérité, de faire des recherches, & je veux prendre le parti de la douceur ; mais vous, ma chere enfant, pourquoi voulés-vous nous quitter ? allés, retournés à votre chambre, je raccommoderai tout, je dirai qu’on s’eſt trompé, comptés ſur mon affection, car je vous aime beaucoup. Soyés sûre qu’on ne vous en verra pas de plus mauvais œil, malgré ce qui s’eſt paſſé. Je vois bien qu’effectivement nous avons eu tort de vous traiter comme cela, vous n’êtiés pas coupable : je parlerai ſur le bon ton à Mademoiſelle Verland. Je ſus mon Dieu, continuoit-elle, en regardant le Godmiché que le demon eſt malin ! je crois, le Ciel me pardonne, qué c’eſt un… Ah, la vilaine choſe !

Au moment que la Supérieure achevoit ces mots, ma Mere entra. Qu’ai-je donc apris, Madame, dit-elle à la Supérieure, & ſur le champ m’adreſſant la parole, & vous, Mademoiſelle, pourquoi vous trouvés-vous ici ? Il falloit répondre, j’étois déconcertée, je rougiſſois, je baiſſois les yeux, on me preſſa, je bégayai : la Supérieure prit la parole pour moi, elle le fit avec eſprit : ſi elle ne me donna pas tout-à-fait le tort dans la conduite qu’on avoit