fait la veille ; j’y trouvai les mêmes
difficultés, & il fallut encore me contenter
de mon doigt. Je travaillai avec
tout le courage que la vûë de l’inſtrument
m’inſpiroit, & je pouſſai les choſes
au point, que les forces me manquant,
je demeurai inſenſible au plaiſir
même que je me donnois, ma main
n’alloit plus que machinallement, &
mon cœur ne ſentoit rien. Ce dégoût
momentané me fit naître une idée qui
me flata beaucoup ; je vais ſortir, me
dis-je, je n’ai plus rien à ménager, ſortons
avec éclat ; je veux porter cet inſtrument
à la Mere Supérieure, nous
verrons comment elle ſoutiendra cette
vûë.
Je joüiſſois d’avance en allant à l’apartement de la Supérieure, de la confuſion que j’allois lui cauſer en lui montrant le Godmiché. Je la trouvai ſeule, je l’abordai d’un air libre, je ſais bien, lui dis-je, Madame, qu’après ce qui s’eſt paſſé hier, & l’affront que vous avés voulu me faire, je ne peux plus reſter avec honneur dans votre Couvent ; elle me regardoit avec ſurpriſe & ſans me répondre, ce qui me donna la liberté de continuer ; mais, Madame, ſans en venir à de pareilles extrémités,