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Portier des Chartreux.


ment la gorge, pendant que je lui parle, de me mettre la main deſſus, & me defendre de la montrer, ſous prétexte que c’eſt une marque de coqueterie, & malgré ſes ſermons, il ne tire pas la main, qu’il avance de plus en plus ſur mon ſein & pouſſe même quelquefois juſqu’à mes tetons ; quand il l’ôte, c’eſt pour la porter auſſi-tôt ſous ſa robbe qui remuë avec de petites ſecouſſes ; il me preſſe alors entre ſes genoux, il m’aproche avec ſa main gauche, il ſoupire, ſes yeux s’égarent, il me baiſe plus fort qu’à l’ordinaire, ſes paroles ſont ſans ſuite, il me dit des douceurs, & me fait des remontrances en même tems.

Je me ſouviens qu’un jour, en retirant la main de deſſous ſa robbe pour me donner l’abſolution, il me couvrit toute la gorge de quelque choſe de chaud, qui ſe repandit par petites gouttes ; je l’eſſuyait au plus vîte avec mon mouchoir, dont je n’ai pas pû me ſervir depuis. Le Pere tout interdit, me dit que c’étoit de la ſueur qui couloit de ſes doigts : qu’en penſez-vous, ma chere Monique, dis-je à la Sœur ? Je te dirai tout-à-l’heure ce que c’étoit, me répondit-elle, ah le vieux pécheur !