viennent groſſes, Suzon ? Sans doute,
me répondit-elle d’un ton d’aſſurance
qui m’effraya ? Eh, où l’as-tu donc apris,
lui demandai-je ? car je ſentois
bien que c’étoit ſon tour à me donner
des leçons. Elle me répondit qu’elle
vouloit bien me le dire, mais à condition
que je n’en parlerois de ma vie.
Je te crois diſcret, Saturnin, ajoûta-t’elle,
& ſi tu étois capable d’ouvrir jamais
la bouche ſur ce que je vas te dire,
je te haïrois à la mort. Je lui jurai
que jamais je n’en parlerois : aſſeyons-nous
ici, pourſuivit-elle, en me
montrant un gazon où l’on n’étoit à
ſon aiſe que pour cauſer ſans être entendu :
j’aurois bien mieux aimé l’allée,
nous n’y aurions été vûs ni entendu :
je la propoſai de nouveau, elle n’y voulut
pas venir.
Nous nous aſſimes ſur le gazon, à mon grand regret : pour comble de malheur, je vis arriver Ambroiſe. N’ayant plus d’eſpérance pour cette fois, je pris mon parti. L’agitation où me mit le déſir d’aprendre ce que devoit me dire Suzon, fit diverſion à mon chagrin.
Avant de commencer, Suzon exigea encore de nouvelles aſſurances de ma