ſon qui ne finiroit peut-être qu’avec votre
vie.
La foudre, en tombant à mes pieds, m’avoit moins étonné que la lecture de cette lettre. Un accablement mortel m’ôta tout-à-coup le ſentiment : je ne revins que pour ſentir la péſanteur du coup dont j’étois frapé. O Ciel, m’écriai-je, que devenir, dois-je aller m’expoſer à la vengeance d’une troupe de Barbares ? Fuirai-je ? Malheureux j’héſite ! Ah fuyons ; mais où fuir ? Où [me] ſauver de leur fureur ? Dans le moment la maiſon d’Ambroiſe s’offrit à mon eſprit éperdu, comme l’azile le plus ſur contre la crainte préſente : je pris une réſolution courageuſe ; trop heureux que la généroſité du Pere André me mit à portée de me dérober au reſſentiment des Moines.
Ce ne fut pas ſans verſer des larmes de douleur que je ſortis d’une Ville où je laiſſois mon repos, mes plaiſirs & mon bonheur. Je pleurai la perte de Monique ; mais ſon ſort eſſuya mes larmes. Déchiré par mes remords, abbatu par mon déſeſpoir, j’arrivai chez Ambroiſe : je n’y trouvai que Toinette,