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Histoire de Dom B…


te des fleurs, il ne me ſeroit pas difficile de l’empêcher de crier : je brûlois d’envie de mettre la derniere main à mes inſtructions, & d’y joindre l’expérience.

A peine étions-nous entrés dans la maiſon, que nous vîmes arriver le Pere Polycarpe : je demêlai le motif de ſa viſite, & je n’en doutai plus, quand ſa Revérence eût déclaré d’un air aiſé, qu’elle venoit prendre le dîner de famille : on croyoit Ambroiſe bien loin ; Il eſt vrai qu’il ne les gênoit guéres : mais on eſt toûjours bien aiſe d’être débaraſſé de la préſence d’un mari, quelque commode qu’il ſoit ; c’eſt toûjours un animal de mauvais augure.

Je ne doutai pas que je n’euſſe cette après midi le même ſpectacle que j’avois eu la veille, & ſur le champ je formai le deſſein d’en faire part à Suzon. Je penſois avec raiſon, qu’une pareille vûë ſeroit un excellent moyen pour avancer mes petites affaires avec elle ; Je ne lui en parlai pas, je remis cette épreuve à l’après-dînée, bien réſolu de n’employer ce moyen qu’à l’extrémité, comme un corps de réſerve déciſif pour une action.

Le Moine & Toinette ne ſe gênoient