trouver un moyen de nous conſerver
l’un à l’autre. Quand je vous demande
ſi vous m’aimez, ce n’eſt pas que je
doute de votre amour, mais je tremble
que vous ne vouliez pas m’en donner
la ſeule preuve qui puiſſe m’en aſſûrer,
arrêtez, lui dis-je, voyant qu’il
vouloit parler, vous voulez me faire
des reproches, vous ne m’en feriez que
d’injuſtes ; je vous le repete, je ne doute
pas de votre amour, vous ne doutez
pas du mien, mais helas ! de quoi
nous ſervirat-il de brûler d’une flâme
inutile, puiſqu’une mere cruelle nous
refuſe la ſatisfaction que nous lui demandons ?
Ah Verland ! le rouge qui
me couvre le viſage, ne vous dit-il
pas quel eſt le moyen que je pretend
employer ? Chere Monique, me dit-il,
en me ſerrant tendrement le bras contre
la bouche, ton amour te fait-il enfin
ſentir la neceſſité d’une choſe que
j’ai propoſée tant de fois inutilement ?
Oüi, lui repondis-je, votre amour,
n’aura plus de plaintes à me faire, il
n’eſt plus tems de vous déguiſer la force
de mes deſirs, ils ſont à leur comble :
mais pour nous rendre heureux,
je n’attend qu’un mot de votre bouche.
Parlez, interrompit-il vivement, que
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