Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
Portier des Chartreux.


ſe, nous nous tenions ſi étroitement embraſſés qu’à peine pouvions-nous reſpirer : il ſembloit que nous craigniſſions que le moindre intervalle n’anéantit nos plaiſirs, le lit ne pouvoit plus ſoutenir nos ſecouſſes, il ſuivoit l’impreſſion de nos corps, il craquoit effroyablement. Une douce ivreſſe ſuccéda bien-tôt à nos efforts, & nous nous endormîmes couchés l’un ſur l’autre, étroitement ſerrés, langues en bouche & Vit en Con.

L’Aurore nous trouva dans la même poſture où nous nous étions endormis, & ſoit que l’imagination agiſſant ſur nos corps pendant le ſommeil, eût fait diſtiller cette eau délicieuſe qui annonce par ſa quantité le dégré du feu intérieur, ſoit que nous euſſions déchargé machinalement, nous nous reveillâmes tous trempés, les draps étoient innondés, & le matelas même avoit participé à nos plaiſirs. Nous ne fûmes pas long-tems à les renouveller : le repos m’avoit rendu aſſez de forces pour vous faire penſer que je m’en acquittai Monachalement ; je ne dirai pas combien de fois : je n’eus pas la peine d’enconner. Je paſſe rapidement à vous informer du ſujet qui avoit jetté ma Devote entre mes bras.

N 5