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Portier des Chartreux.


connois pas de meilleur qu’une Devote : je ne pus m’empêcher d’éclater du ton flegmatique, dont ſa Revérence m’enſeignoit un pareil ſecret. Comment donc, reprit-il, je vous parle très-ſérieuſement, ce n’eſt point ici un paradoxe que je vous avance : tudieu, je vois bien que vous étes encore jeune : vous ne connoiſſés pas les Devotes, vous ne ſavés pas qu’elles ont des reſſources infaillibles pour rallumer les chaleurs éteintes : elles poſſédent l’art de ſe faire contenter par l’homme du tempérament le plus uſé : elles ſavent tirer parti de tout ; je l’ai éprouvé, moi qui vous parle : Oüi, mon fils, j’en ai foutu & plus d’une. Tems heureux, où je faiſois retentir les voûtes du Couvent en frapant avec mon Vit, hélas, qu’étes-vous devenu ! On ne parle plus du vigoureux Pere Simeon, ce n’eſt plus qu’un vieillard caſſé, ſon ſang eſt glacé dans ſes veines, ſa voix eſt tremblante la reſpiration lui manque, ſes jambes lui refuſent leur ſecours, ſes Coüilles ſont ſéches, ſon Vit eſt diſparu, tout meurt. J’avois toutes les envies du monde d’éclater aux exclamations originales du Vénérable Pere Simeon : mais la crainte de