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Histoire de Dom B…


heur durable : plongé dans tout ce que mon cœur pouvoit deſirer de plus ſatisfaiſant pour lui, je devins inquiet, je devins rêveur, j’oſe le dire, j’étois en Fouterie ce qu’Alexandre étoit en ambition : je deſirois de Foutre toute la terre, & après j’aurois été chercher un nouveau monde dans l’eſpérance d’y trouver de nouveaux Cons.

Depuis ſix mois je joüiſſois de la gloire inconteſtable d’avoir toûjours remporté le prix dans nos combats amoureux, mais du plus brave que j’étois, je devins bien-tôt le plus lâche. Je ne foutois plus que comme les autres ſe branlent faute de pouvoir faire mieux, l’habitude du plaiſir en avoit émouſſé la pointe, & j’étois avec nos ſix Sœurs comme un mari l’eſt avec ſa femme. Le mal de mon eſprit influa bien-tôt ſur mon cors, & ma langueur fut ſuivie d’une impuiſſance totale pour ce qui avoit fait autrefois mon plus cher amuſement. On s’en aperçût, on m’en fit des reproches ; mais tout ce qu’on pût me dire ne fit que gliſſer ſur mon cœur : j’allois rarement à la Piſcine, il ne fallut pas moins que toute la tendreſſe du Prieur pour m’y faire aller : il engagea nos Sœurs à travailler à ma