dejà acquitée envers chacun d’eux de
ce que je lui devois, quand ils me firent
la propoſition de me mettre dans
un endroit où je ſerois en liberté de
renouveller mes payemens auſſi ſouvent
que je le voudrois : je n’avois pû
les faire juſqu’alors qu’à la ſourdine,
tantôt derriere l’Autel, tantôt devant,
tantôt dans un Confeſſional, & rarement
dans les chambres. Cette idée de
liberté me flatta, j’acceptai leurs offres
j’entrai ici.
Le jour de mon entrée, on m’avoit fait parer comme une jeune fille que l’on va mener à l’Autel. L’idée de mon bonheur repandoit un air de ſérénité ſur mon viſage, qui charmoit tous les Peres. Tous vouloient me rendre leurs hommages, & chacun vouloit avoir la gloire de me les rendre le premier. Je vis le moment que le feſtin de mes noces alloit finir comme celui des Lapites. Mes Révérends, leur dis-je, votre nombre ne m’épouvante pas ; mais mon courage me fait peut-être trop préſumer de mes forces, je ſuccomberois : vous étes vingt, la partie n’eſt pas égale. Je veux vous propoſer un accommodement ; il faut nous mettre tous nuds, & pour leur en donner