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Portier des Chartreux.


ſuyoient les larmes que ceux-ci lui faiſoient verſer dans le particulier.

Ses occupations littéraires ne lui faiſoient pas perdre de vûë les inclinations de ſon cœur ; mais il avoit trouvé le moyen de ſe ſatisfaire ſans ſortir de ſon cabinet, & ce moyen étoit de ſe ſervir, pour des plaiſirs, de ceux dont il ſe ſervoit pour ſes ouvrages : pour prix de leur complaiſance, il leur abandonnoit ſa niéce, & cette niéce obligeante acquittoit volontiers les dettes de ſon cher Oncle. Le Portier du Couvent étoit à la dévotion du Pere, & par cette voye tout entroit aiſément, vin, viande, filles, tout y avoit un libre accès. Les orgues avoient été choiſies préférablement à tout autre endroit, pour le lieu de la ſcène de ces Orgie, parce que, me dit le Pere Caſimir, on ne nous ſoupçonnera jamais de paſſer la nuit dans l’Egliſe ; une autre raiſon, c’eſt que nous ſommes tous portés pour aſſiſter aux Offices, & cette exactitude ferme la bouche aux babillars.

Malgré le ſoin que le Pere Caſimir prenoit pour conſerver ſes Eléves, il en perdoit toûjours quelqu’un ; j’en dirai la raiſon : quelquefois le ſouvenir des obligations, au lieu de produire de