va ; voila ma mere qui vient, & je…
Ah ! Suzon, repris-je vivement, en
l’empêchant d’en dire davantage, ma
chere Suzon, ne lui dis rien, je te donnerai…
tiens, tout ce que tu voudras :
un nouveau baiſer fut le gage de
ma parole. Elle en rit, Toinette arriva ;
je craignois que Suzon ne parlât :
elle ne dît mot, & nous retournâmes
tous enſemble ſouper.
Depuis que le Pere Polycarpe étoit à la maiſon, il avoit donné de nouvelles preuves de la bonté du Couvent pour le prétendu fils d’Ambroiſe : je venois d’être habillé tout de neuf. En vérité ſa Révérence avoit en cela moins conſulté la charité monacale, qui a des bornes fort étroites, que la tendreſſe paternelle qui ſouvent n’en connoit pas. Le bon Pere, par une pareille prodigalité, expoſoit la légitimité de ma naiſſance à de violens ſoupçons. Mais nos manans étoient bonnes gens, & n’en voyoient pas plus que l’on ne vouloit leur en faire voir. D’ailleurs, qui auroit oſé porter un œil de critique & malin ſur le motif de la généroſité des Revérends Peres ? C’étoit de ſi honnêtes gens, de ſi bonnes gens ; on les adoroit dans le Village, ils faiſoient du