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Portier des Chartreux.


un Phœnix, au vôtre, c’eſt un ſot, au mien, c’en eſt un encore.

Voyés-vous le Pere Boniface, ce madré furet qui panche dévotement la tête, qui tourne vers la terre des yeux mortifiés, qui ſemble, en marchant, compoſer avec le Ciel, & en implorer la fin d’une vie qui paroît pour lui un fardeau peſant ? Prenés garde à lui, c’eſt un ſerpent qui ſe gliſſe : il monte chez vous, veillés des yeux votre femme, reſſerrés vos filles, éloignés vos garçons : Bougre, Bardache, Fouteur, il eſt entré, vous étes ſorti, tâtés-vous le front, viſités votre femme, vos filles, vos fils, tout eſt foutu, tout eſt enculé.

Vous avés fait connoiſſance avec le Pere Hilaire, ſerrés bien les cordons de votre bourſe, vous avés affaire au plus adroit fripon. Bien-tôt aux converſations conſolantes, il fera ſuccéder des peintures énergiques des beſoins du Couvent ; les pauvres Peres manquent de tout, ils ſont nouris comme des miſérables, couchés comme des chiens, leur maiſon tombe en ruîne : ce pauvre Pere Hilaire, le ſouffrirés-vous en cet état ? Non, votre cœur s’attendrit, votre bourſe s’ouvre : puiſés, Pere Hilai-

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