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Histoire de Dom B…


des hommes, que leurs biens & leurs maux ont une liaiſon ſi étroite, ſe ſuivent de ſi près qu’au ſein du malheur même on ne doit pas déſeſpérer de ſon bonheur ; que ſouvent au moment que vous vous croyés accablé par les coups redoublés du ſort en couroux, le hazard fait éclore de votre malheur les jours les plus rians & les plus fortunés. O Divine Providence ! c’eſt en vertu de tes ſages décrets que nous voyons opérer ces merveilles, & cette viciſſitude étoit ſans doute néceſſaire pour corriger le deſordre de nos paſſions.

Au moment que caché ſous le lit, où je m’étois refugié, je me livrois au déſeſpoir, la fortune tournoit ſa rouë ; le bruit n’avoit fait qu’augmenter à la vûë de ladite Françoiſe, à qui le chandelier étoit tombé des mains à l’aſpect du Curé qu’elle croyoit dans ſa chambre : elle prit celui qu’elle voyoit pour un ſpectre. Qu’on ſe peigne cette ſcène, ſi j’en avois été témoin, j’en épargnerois la peine ; mais la connoiſſance des parties me met en état de fournir des idées qui peuvent contribuer à la perfection du tableau. Qu’on ſe figure, ſi l’on veut, Monſieur le Curé, nud en calçons, un bonnet gras ſur la tê-