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Portier des Chartreux.


Tétaſſes, ainſi du reſte. Je ne pouvois concevoir un pareil prodige, j’accuſois mon imagination de s’être refroidie, je voulois du mal à ma main du raport trop fidelle qu’elle lui faiſoit ; ce n’eſt pas que ces témoignages incertains m’euſſent empêché de livrer un troiſiéme aſſaut. J’allois m’y preſenter, & déja on ſe preparoit à le recevoir, quand nos oreilles furent frapées par un charivari qui ſe fit entendre dans la chambre voiſine, que je prenois pour celle de la Dame Françoiſe, notre vénérable gouvernante. Ah le chien, crioit une voix enroüée, ah la miſérable ! Ah la… A ces mots ma mignonne, que j’étois prêt d’enconner, me repouſſant, me dit ; ah mon Dieu ! que fait-on à notre fille ? Eſt-ce qu’on la tuë ? Allés donc voir. Je ne repondois pas, frapé du diſcours que l’on venoit de me tenir, je ne ſavois où j’en étois : notre fille, diſois-je, Nicole auroit-elle une fille. Le bruit continuoit, & l’on continuoit de me preſſer d’aller au ſecours, je ne m’en remuois pas davantage, on s’impatiente, on court au fuſil, on allume de la chandelle, &, à la faveur de la lumiere, je reconnois, le dirai-je, la Dame Françoiſe, cette vieille… Ah ! quand

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