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Histoire de Dom B…


ſir que je venois d’avoir, qu’une legere idée, qui, en s’évanouiſſant comme l’ombre, ne me laiſſa que le deſeſpoir de ne pouvoir le renouveller : tels ſont les plaiſirs.

Retombé dans le même état de degoût & d’affoibliſſement dont le ſecret de Madame Dinville m’avoit retiré, je la preſſai d’y recourir encore. Non, mon cher Saturnin, me dit-elle, je t’aime trop pour vouloir te donner la mort, contente-toi de ce que nous avons fait. Je n’étois pas preſſé de mourir, & un plaiſir qu’il nous falloit acheter aux depens de ſa vie, n’étoit plus de mon goût : nous nous r’habillâmes.

J’étois trop content de ma journée pour négliger de prendre des aſſurances d’en paſſer encore de ſemblables ; Madame Dinville, qui n’étoit pas plus mal ſatisfaite que moi, me prevint : quand reviendras-tu, me demanda-t’elle en m’embraſſant ? Le plû-tôt que je pourrai, lui repondis-je, mais jamais aſſez tôt pour mon impatience : demain, par exemple ? Non, me dit-elle en ſouriant, je te donne deux jours, reviens me voir le troiſiéme, & le jour que tu viendras, continua-t’elle (en r’ouvrant la même caſſete, d’où elle