ne eſt amoureuſe, elle y viendra, je la
tiendrai à l’écart, nous ſerons ſeuls,
nous n’aurons rien à craindre : Ah, que
de plaiſirs je vais goûter ! Ces agréables
idées me conduiſirent juſqu’à la porte
du Château : j’entrai.
Tout étoit dans un calme profond chez Madame Dinville, je ne trouvai perſonne ſur mon paſſage : ce qui me donna la liberté de traverſer une longue file d’apartemens. Je n’entrois dans aucun ſans ſentir mon cœur agité par l’eſpérance de voir Suzon & la crainte de ne la pas trouver. Elle ſera dans celui-ci, diſois-je, ah je vais la voir : perſonne ; dans une autre de même. J’arrivai ainſi juſqu’à une chambre dont je trouvai la porte fermée, mais la clef y étoit. Je n’étois pas venu ſi loin pour reculer : j’ouvris. Ma hardieſſe fut un peu déconcertée à la vûë d’un lit, où je jugeai qu’il devoit y avoir quelqu’un couché. J’allois me retirer quand j’entendis une voix de femme demander qui c’étoit, & en même tems je reconnus Madame Dinville, qui ouvroit les rideaux & avançoit la tête. J’allois me retirer, ſi la vûë de ſa gorge ne m’en eût ôté le pouvoir en me rendant immobile. Hé, c’eſt mon ami Saturnin, s’é-