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Portier des Chartreux.


auſſi fort que je bandois, vous foutriés, qui ? le diable.

J’allois repéter un auſſi charmant exercice, quand nous fûmes interrompus par un bruit ſourd qui partoit de ma chambre. Toinette, qui vit bien de quoi il s’agiſſoit, ſe leva en criant au Pere de finir, elle ſe r’habilla au plû-tôt, me dit de me remettre ſous le lit, & courut pour empêcher que les choſes ne fuſſent pouſſées plus loin.

A peine eût-elle le dos tourné, que je volai au trou : j’aperçûs le Moine qui tenoit dans ſes bras Suzon, qui s’étoit r’habillée, mais dont le cotillon & la chemiſe étoient levés : la jacquete du Moine l’étoit auſſi, & je jugeai que le bruit ne venoit que de l’extrême groſſeur du Membre de ſa Revérence, qui faiſoit ſans doute des efforts inutiles pour le faire entrer dans un endroit qui n’étoit pas fait pour lui. Le débat finit à l’aſpect de Toinette ; elle fondit ſur les combattans, & arrachant Suzon des bras de l’inceſtueux Céleſtin, lui donna, avec deux ou trois ſoufflets, liberté de ſortir. Il ſembloit que l’action vigoureuſe que Toinette venoit de faire, l’eût épuiſée, & qu’il ne lui reſtât plus aſſez de force pour marquer

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