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mademoiselle Verland. Jésus, mon Dieu ! continuait-elle en regardant le godmiché, que le démon est malin ! Je crois, le ciel me pardonne, que c’est un… Ah ! la vilaine chose !

Au moment que la Supérieure achevait ces mots, ma mère entra.

— Qu’ai-je donc appris, Madame ? dit-elle à la Supérieure ; et sur-le-champ m’adressant la parole : Et vous, Mademoiselle, pourquoi vous trouvez-vous ici ?

Il fallait répondre, j’étais déconcertée, je rougissais, je baissais les yeux ; on me pressa, je bégayai.

La Supérieure prit la parole pour moi ; elle le fit avec esprit. Si elle ne me donna pas tout à fait le tort dans la conduite qu’on avait tenue avec moi, elle ne me chargea pas assez pour faire croire que je fusse bien coupable. Ma faute passa pour une imprudence où le cœur n’avait eu aucune part, pour une violence de la part d’un jeune téméraire, que l’on promit bien de ne plus laisser revenir à la grille, et on conclut qu’il n’y avait que mademoiselle Verland de criminelle, puisque c’était elle qui avait fait éclater une chose qu’elle devait taire, si ce n’était pour l’honneur de son frère, du moins pour le mien, qui, pourtant, n’en souffrirait point, parce que, dit la Supérieure, elle voulait réparer l’insulte que l’on m’avait faite. Je n’en pouvais pas souhaiter davantage. Je sortais blanche comme neige d’une aventure, où, sans me faire injure, on pouvait mettre le tort de mon côté ; mais je n’avais garde d’en tomber d’accord. Ma mère me plaignit et me parla avec une douceur qui me toucha.

Les âmes zélées pour la gloire de Dieu savent tirer profit de tout. Il fut arrêté entre la Supérieure et ma mère qu’ayant eu le malheur de scandaliser, quoique

involontairement, mon prochain, je devais me récon-

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