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Vous ne délaisserez pas le malheureux dans l’indigence.

Antoine Dameret payait les exemplaires 7 ou 8 livres. Michelle Neveu était une fille adoptée par Dameret et sa femme, et qui les aidait dans leur commerce de livres. On ne sait trop pourquoi Dameret est qualifié graveur. Un long mémoire justificatif, qu’il écrivit à la Bastille, expose son existence et ses déboires. D’abord cordonnier, il vint à Paris pour y monter une fabrique de savon, industrie mise à la mode « par la contagion de Marseille ». Mais son projet avorta et il dût se faire colporteur. Enfin sa femme le quitta après lui avoir emporté des marchandises (liqueurs, quincaillerie) et de l’argent. Elle se rendit à la Ferté-Milon, son pays natal, chez une de ses sœurs, qui lui conseillait de quitter Dameret après lui avoir soutiré le plus d’argent possible.

On a vu que le 11 juillet on parlait encore de l’impression de la seconde édition. Je pense qu’il s’agissait tout bonnement du brochage ou de la reliure, le tirage ayant forcément été achevé dès le début de juin.

Une lettre anonyme du 20 septembre dénonce un autre des six « éditeurs » :

Pour suprimer la planche nouvelle [les planches ?] de dom bougre et enpaicher la vente des Exemplaire il ne faut que serer les pouces au nomé Boudelot fameux colporteur il sait le magazin et en vent plus à lui seul que tous les autres en semble ; il a aussi des relasion avec des étrangé et fais plus d’un mauvais comerce il loge rue brise miche chez un cordonier, il se nome ausy Lesperance.

En décembre, enfin, la police fut de nouveau alertée. Deux musiciens, qui chantaient dans les cafés « des chansons des plus dissolues », nommés Cligny et Roussel, vendaient également le Portier. Ils le tenaient d’un boîteux qui mangeait rue des Augustins, au Panier Fleury. Le boîteux, qui se disait ancien officier, était un suédois nommé Le Baron. Il logeait au second étage, rue des Fossés-de-Monsieur-le-Prince, chez le sieur Villebrun,