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dit ; ni pourquoi l’ordre d’arrêter Gervaise ne fut pas signé. On en peut tirer plusieurs conclusions. Pour ma part, j’en tirerai celle-ci : Gervaise de Latouche avait des protecteurs puissants. Dès 1741, ils ont pu lui éviter la lettre de cachet, et faire sortir rapidement de la Bastille son ami et collaborateur Billard. En 1753, ils ont fait disparaître du dossier toutes les pièces compromettantes pour le jeune clerc, devenu depuis avocat, s’il ne l’était déjà en 1741.

Je crois aussi que le Portier des Chartreux peut être, sans contestation possible, attribué non au seul Gervaise de Latouche, mais aux deux jeunes clercs du procureur Lambotte : Billard et Gervaise.

Citons, pour en finir avec les auteurs, cet extrait de la Bibliographie Gay (4e édition, 1894-1897) :

Le savant M. Hubaud, le bibliophile marseillais, nous écrivait peu de temps avant sa mort : « Je joins ici deux anecdotes qui m’ont été racontées par le neveu d’un ami intime de l’auteur, nommé M. Is… Ce dernier fut arrêté à Paris par des agents de police pour être traduit devant le ministre. Comme on le conduisait, il fut rencontré par une personne de sa connaissance, qui, surprise de le voir ainsi mené, s’informe auprès des agents. Ceux-ci lui répondirent qu’ils étaient chargé d’arrêter l’avocat Gervaise. — Mais ce n’est pas l’avocat Gervaise que vous conduisez, leur dit l’interrogateur, c’est M. Is… La chose ayant été reconnue, celui-ci fut relâché. L’événement fut fort heureux pour lui, attendu que si des perquisitions avaient été faites à son domicile, on aurait découvert une malle qui contenait l’édition entière du Portier, malle que l’avocat Gervaise, par prévoyance, l’avait prié de lui garder[1]. L’autre particularité est que ledit M. Is…, qui était dans la confidence de l’avocat Gervaise, était parvenu à lui faire supprimer beaucoup de détails excessivement orduriers décrits dans le manuscrit. Tout lecteur attentif s’apercevra qu’effectivement il se trouve des lacunes dans l’imprimé, notamment aux scènes des orgues et de la piscine. Quelques phrases qui subsistent encore à la 18e gravure[2] pour-

  1. Il n’y a aucune trace de ce M. Is… et de son aventure dans le dossier 15505.
  2. La 2e édition de la Bibliographie Gay disait : «… et la 18e gravure », ce qui offre un sens différent.
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