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— Eh quoi ! me dit-elle avec surprise, tu veux t’en aller, mon ami ? Il n’est pas huit heures ; va, reste, je ferai ta paix avec ton curé.

Je lui avais dit que j’avais changé de demeure et que j’avais l’honneur d’être un des pensionnaires de monsieur le curé. L’idée du presbytère me faisait baisser l’oreille, et je n’étais pas fâché que l’obligeante madame Dinville m’épargnât une heure de dégoût. Elle me fit asseoir sur son canapé, alla fermer la porte de sa chambre, et vint se mettre à côté de moi. Aussitôt, me prenant une main qu’elle pressait dans les siennes, elle me regarda fixement et sans me parler. Je ne savais que penser de ce silence, elle le rompit :

— Tu ne te sens donc plus d’envie ? me dit-elle.

L’impuissance où j’étais de la satisfaire me rendait muet ; l’aveu de ma faiblesse me coûtait à faire. Confus et désespéré, je baissais les yeux.

— Nous sommes seuls, mon cher Saturnin, reprit-elle, en me baisant avec des redoublements d’amour qui ne me rendaient pas plus amoureux ; personne au monde ne peut nous voir ; déshabillons-nous, couchons-nous sur mon lit. Viens, mon fouteur, viens, allons nous mettre tous nus. Va ! je te ferai bientôt bander.

Elle me prit dans ses bras, et me porta, pour ainsi dire, sur son lit. Elle m’aida à me déshabiller, et sa promptitude secondant son impatience, elle me vit bientôt dans l’état qu’elle désirait, nu comme la main. Je la laissais faire, plutôt par complaisance que par l’idée du plaisir. Elle me renverse sur son lit, et se couchant sur moi, elle me couvrait de ses baisers. Elle me suçait le vit, et aurait voulu le faire entrer jusqu’aux couilles dans sa bouche. Elle semblait extasiée dans cette posture, elle me couvrait d’une salive blanche semblable à