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1861), on cite, sous le n° 3689, l’édition de 1806 du Dictionnaire Critique de Peignot, avec cette adjonction :

Ajouté : Une lettre autographe, dénonçant au lieut. de police Demarville, comme auteurs de Dom Bougre, Portier des Chartreux, Billard et Gervaise, clercs du palais, et portant en tête une note de police portant neuf noms des auteurs de ce livre. La lettre est signée d’initiales.

Il est évident qu’il s’agit là d’un document soustrait en 1789 au dossier de Dom Bougre.

Voyons, après ce préambule, les précisions que nous apportent les pièces originales de la Bastille.

Les auteurs du “ Portier ”

J’ai cité plus haut Bachaumont. C’est à cette source unique qu’ont puisé, depuis un siècle et demi, tous les bibliographes qui ont attribué le Portier des Chartreux à l’avocat Jacques-Charles Gervaise de Latouche, né à Amiens vers 1719[1]. Bachaumont, donc, dans le tome xxii des Mémoires Secrets pour servir à l’Histoire de la République des Lettres en France (Londres, 1783), publie la note que voici :

Le 30 novembre 1782, M. Gervaise, l’auteur du Portier des Chartreux, livre si fameux et qui lui avoit procuré tant de chagrin, vient de mourir. Il s’étoit livré depuis tout entier au Barreau, où il faisoit des mémoires très-grasieux, très-scientifiques, bien opposés à cette première production. Il avoit un extérieur froid, qui contrastoit merveilleusement avec la chaleur prodigieuse de l’ouvrage cité ci-dessus, chef-d’œuvre original dans son genre, où, à côté des tableaux les plus licencieux et les plus obscènes, se trouve quelquefois la morale la plus exquise.

M. Gervaise commençoit à vieillir, il avoit placé tout son pécule chez le Prince de Guemenée, et l’on prétend que la nouvelle de cette banqueroute lui a donné le coup de la mort.

Il faut noter ici, en passant, la légende du manuscrit « trouvé chez l’auteur après sa mort ». Ce n’est vraisemblablement qu’une supercherie d’éditeur, destinée à mas-

  1. C’est moi qui donne cette date ; je dirai pourquoi plus loin.