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retour, et y fut accueilli avec enthousiasme. Le second séjour surtout fut triomphal. Dans ces manifestations, il faut faire la part de la réjouissance officielle et banale. Mais il est un indice qui suffit par lui-même à prouver la sincérité de l’allégresse témoignée : c’est que les Lyonnais demandèrent et obtinrent d’ajouter le nom de Claude à la désignation officielle de leur colonie. Celle-ci s’appela désormais Colonia Copia Claudia Augusta[1] Lugudunum. Ce nom n’aurait pas été donné sans raisons positives. Sans aucun doute, il consacrait et perpétuait le souvenir de bienfaits notoires, parmi lesquels on n’hésite pas à citer la construction d’un nouvel aqueduc. La découverte, au xviiie siècle, sur le versant septentrional de la colline de Fourvière, d’une trentaine de tuyaux de plomb[2], tous marqués aux initiales TI. CL. CAES. (Tiberius Claudius Cæsar), indique bien une canalisation nouvelle, datant de ce règne, et l’on doit naturellement penser qu’elle correspondait à un surcroît de débit, donc à un aqueduc nouveau.

Une semblable création est d’autant plus vraisemblable de la part de cet empereur que Rome lui dut les deux plus beaux de ses aqueducs, puis le port d’Ostie, travail non moins admirable ; il fit creuser aussi un canal d’écoulement pour le lac Fucin[3]. Que ses goûts pour les grands ouvrages d’hydraulique aient pris plaisir à s’exercer en faveur de sa ville natale, il n’est rien de plus logique.

Deux aqueducs existaient déjà pour la ville de Lyon, celui du Mont-d’Or et celui de Craponne. Le choix reste, pour l’attribution à Claude, entre les deux autres : l’aqueduc du Mont Pilat ou du Gier, et celui de la Brévenne. Le même principe de bon sens en vertu duquel, avant tout autre indice, les eaux les plus rapprochées sont recueillies d’abord, désigne l’aqueduc de la Brévenne comme antérieur à l’autre. Ajoutons qu’il part du même massif que celui de Craponne, mais du versant opposé, ce qui l’oblige

  1. Le nom d’Augusta, ou bien datait d’Auguste, comme nous l’avons supposé plus haut, ou bien fut donné en même temps que celui de Claudia, en l’honneur de Claudius Augustus « l’empereur Claude  ». Les trois premières désignations : Colonia, Copia, Claudia, sont représentées dans les inscriptions par les trois lettres CCC.
  2. Ces tuyaux sont aujourd’hui perdus. Ils avaient été vus par un témoin digne de foi, le P. De Colonia (ouv. cité, p. 54). La question de leur emplacement sera discutée dans un des chapitres suivants.
  3. Suétone, Claude, 20.