L’étude des tracés et de leur particularité la plus remarquable, les siphons, vraie spécialité des aqueducs de Lyon, demandait à être suivie de l’examen des procédés de construction. C’est avec le traité de Vitruve à la main que j’ai cherché à reconnaître ces procédés sur place[1] : les éclaircissements obtenus ainsi sont fort inégaux, Vitruve étant tantôt prolixe, tantôt incomplet. La comparaison des quatre aqueducs entre eux et avec les aqueducs de Rome, d’après le commentaire de Frontin, l’ouvrage de M. Lanciani, et mes souvenirs personnels, a été en somme plus fructueuse. Les aqueducs de Lyon sont excellents pour voir de près cette méthode générale du blocage intérieur, caractéristique des monuments romains quand les gros blocs de pierre faisaient défaut. Je signale ici de nouveau combien exactement se sont vérifiées les observations de M. Choisy sur la confection de ces blocages, l’élévation de leurs parements, et la disposition des voûtes[2]. Le parallèle avec les procédés modernes a été également utile pour préciser tout ce qui concerne les matériaux de liaison, chaux, mortiers, ciments et béions. Nous avons vu quel rôle important y jouait le tuileau, brique pilée ou cassée, fournissant par divers mélanges bien dosés les équivalents de la plupart de nos mortiers de chaux hydrauliques et de ciments, remplaçant, même pour les Romains, l’usage de la pouzzolane qu’ils connaissaient, et leur permettant de fabriquer sur place presque toutes les qualités de matériaux agglutinants, depuis la chaux presque pure et les plus fins enduits jusqu’aux plus rudes et aux plus compacts bétons[3].
Mais ce qui était encore le plus frappant, c’était l’aisance avec laquelle ces ingénieurs et ces ouvriers, tout en demeurant fidèles aux principes généraux de leur art de bâtir, savaient se plier aux exigences de la région où ils exécutaient leurs ouvrages, et avec la même facilité qui leur faisait adopter dans certains pays le gros appareil de pierres de taille, s’accommodaient ici des petits fragments que leur offraient les roches dures et cassantes où ils enfonçaient leurs conduites[4]. Ainsi, par la liaison intime de tous