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chefs juridiques : jus ducendae aquae et jus tuendae aquae[1] ; les unes concernent le parcours de l’eau et sa distribution, les autres la protection des aqueducs.

I. — CONCESSIONS.

Sous la République. Régime sans concessions privées. — L’auteur rappelle d’abord qu’autrefois à Rome l’eau n’était octroyée à aucun citoyen en particulier, mais qu’on s’approvisionnait aux bassins et fontaines publiques en venant y puiser : personne n’avait le droit de canaliser cette eau ; seul le trop-plein pouvait être capté : « Ne quis privatus aliam ducat, quam quae ex lacu humum accedit. » Encore cette eau n’était-elle accordée que pour les bains et les ateliers de foulons, et moyennant une redevance, au trésor public[2]. Comme, il fallait que cette eau fut recueillie propre, les édiles curules étaient chargés de désigner dans chaque quartier deux citoyens, propriétaires ou simples habitants, comme préposés à la surveillance des fontaines[3].

Par exception, et pourvu qu’il y eût consentement de la part du public, quelques personnages de marque, en raison sans doute de services rendus à l’État, recevaient une partie de cette eau. Mais avant tout, c’était au public que l’on songeait, en lui laissant la faculté de puiser de l’eau à toute heure du jour et de la nuit, l’eau coulant sans interruption[4].

On peut se demander si cet usage de l’eau sans conduites privées ne s’est pas perpétué dans les provinces. Il est de fait qu’on trouve un ou deux exemples sous l’empire, d’eaux concédées par le conseil des décurions à quelques citoyens, en vertu d’un privilège[5], d’où résulte qu’on n’avait pas créé de réseau pour la distribution privée. Mais comme d’autre part, les fouilles de Pompéi, d’Ostie, de Tusculum, etc., n’ont pas laissé voir une seule maison pour ainsi dire, qui n’eût la jouissance d’un ou plusieurs jets d’eau, on peut en conclure que la distribution individuelle était, au moins

  1. De Aquis, 94.
  2. Ibid.
  3. Ibid., 97.
  4. De Aquis, 103, « … ut sine intermissione diebus noctibusque aqua fiunt ».
  5. Dans les villes de Suessa et de Thysdras (Afrique). Orelli, 4047, Henzen, 5329.