L’accroissement de la population seul rendit celles-ci insuffisantes. De même, à Lugdunum, bien que les sources fussent moins abondantes sur la colline de Fourvière que sur les flancs de chacune des sept collines romaines, la population, tant qu’elle fut relativement faible, dut pouvoir se contenter des eaux locales. Actuellement, on ne constate guère, il est vrai, de filets d’eau se montrant au jour au-dessus du niveau de 260 mètres (le point culminant de la colline étant à un peu plus de 300 mètres d’altitude et la rivière de Saône à 160 mètres, à l’étiage). Mais il pouvait y en avoir autrefois jusqu’au sommet ; en tous cas, ceux qui existent encore ont un débit assez abondant[1]. Dans les quartiers élevés se trouvent quelques puits et un assez bon nombre de citernes. Ces ressources naturelles suffirent jusqu’au moment où, par l’arrivée des nouveaux colons, commença le grand développement de la cité, avec les besoins qui en résultèrent. Quelques années plus tard, en l’an 735/19, Auguste y envoyait le principal ordonnateur de ses œuvres, l’actif Agrippa, qui aussitôt procéda aux diverses entreprises que réclamait le grand rôle récemment dévolu à la ville. Et dès lors s’ouvrit pour elle l’ère des prospérités et de la gloire.
- ↑ On peut citer, entre autres, au sommet de la montée des Chazeaux, une source qui coule constamment, et dont le débit n’est pas inférieur à vingt litres par minutes, ce qui fait une trentaine de mètres cubes par vingt-quatre heures. En face de cette source, le long de la montée Saint-Barthélémy et au bas de la montée du Rosaire, ainsi que dans les propriétés avoisinantes, arrivent au jour de nombreux filets d’eau. Il faut signaler une autre source au pied de la montée du Chemin-Neuf ; mais elle ne coule plus à l’air libre ; autrefois elle avait été cependant utilisée pour les usages publics, ainsi que le prouve l’édicule fontaine encore debout : son débit était au moins égal à celui de la montée des Chazeaux. Une troisième jaillissait aussi au bas de la montée du Gourguillon. Beaucoup d’autres, inconnues du public, existent dans les jardins des diverses propriétés privées qui occupent, une étendue considérable de la colline. La maison de l’Antiquaille, qui était habitée au XVIIe siècle par des religieuses, était alimentée d’eau par une galerie creusée à frais communs entre divers propriétaires. Cette galerie se prolongeait jusque sous le plateau de la Sarra. Elle a été bouchée vers 1880. Toutes ces eaux, sans être de qualité exceptionnelle, sont de bonnes eaux potables. Si l’on estime à 5 ou 6000 habitants au maximum (V. Steyert, ouvr. cité, I, p. 129) la population primitive de Lugdunum, dans les quinze ou vingt premières années de son existence, on voit que cet approvisionnement d’eau suffisait amplement, sans qu’on eût besoin d’avoir recours à un aqueduc. (V. à la bibliothèque de la ville de Lyon une brochure datant d’une cinquantaine d’années : Th. Seligmann, Essai chimique sur les eaux potables, approprié aux eaux de la ville de Lyon.)