trouvaient plusieurs châteaux d’eau publics, où la même répartition recommençait. Au premier château on ne prenait donc que le nombre de quinaires voulu pour la triple consommation de la région environnante ; le surplus s’en allait rejoindre un autre château où se faisait une répartition analogue, et ainsi de suite.
D’après Frontin, avant le règne de Nerva, par le caprice ou le zèle mal entendu des fontainiers, les eaux des divers aqueducs se mélangeaient sans discernement[1], soit qu’il y eût communication des canaux entre eux, soit que plusieurs eaux vinssent converger dans les mêmes châteaux d’eau. Nerva, aidé de Frontin lui-même, y remédia. Désormais, les eaux moins pures, comme celles de l’Anio, ne vinrent plus altérer la limpidité des eaux Marcia ou Claudia. Un réservoir (qu’on a voulu confondre avec le castellum divisorium, château de distribution) réunissait, près la porte Majeure, cette dernière avec l’Anio novus[2] qui arrivait sur les mêmes arcades. Il fut, dorénavant, réservé aux eaux de l’Anio, et l’eau Claudia se distribua isolément. L’eau Marcia eut de même ses châteaux d’eau spéciaux, et fut destinée exclusivement à la boisson[3]. Enfin, dans chaque région, l’on eut soin de faire arriver au moins deux eaux différentes[4], de manière à éviter la pénurie, en cas de réparation de l’un des aqueducs.
Rien dans le texte de Frontin ne confirme ni ne contredit explicitement l’existence du triple bassin de Vitruve, adossé au château d’eau. Puisque chacune des trois destinations que j’ai dites comportait un grand nombre de tuyaux, il est bien possible que chacune eût sa bâche spéciale. Mais Frontin ne dit nulle part que le contingent réservé aux usages publics profitât d’un trop-plein des deux autres ; il n’est nullement question chez lui non plus d’un compartiment spécial réservé aux bains. Tout contribue donc à faire penser que la description de Vitruve vise un dispositif usité peut-être fréquemment dans d’autres villes, mais qui n’était ni général, ni appliqué à Rome en particulier.