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infiniment supérieur à celui des aqueducs. Donc, a priori, ou bien les aqueducs se ramifiaient avant d’atteindre aux châteaux d’eau, ou bien il existait des châteaux d’eau dépendant les uns des autres, ou bien il y avait combinaison des deux systèmes. De toute façon Vitruve n’a pas donné une représentation exacte de ce qui se passait à Rome. Quant aux points terminus des canaux, ils ne se trouvaient pas toujours aux murs de la ville. Frontin nous mentionne plusieurs aqueducs qui se prolongeaient plus ou moins en galeries dans Rome avant d’atteindre les châteaux d’eau[1].

Châteaux d’eau publics et châteaux d’eau privés. — Or, parmi ces castella, les uns étaient des châteaux d’eau publics, les autres des châteaux d’eau privés, dépendant des premiers qui les alimentaient[2]. Frontin ne signale entre eux aucune différence. On ne saurait donc prétendre que les premiers fussent, forcément de grands réservoirs, car Frontin les aurait certainement mis à part, et non confondus dans le total des 247. En réalité un très petit bassin où l’eau s’étale simplement pour pénétrer dans les compartiments distributeurs, sans l’emmagasiner, suffit pour constituer le plus important des châteaux d’eau. Du château d’eau public parlait un triple réseau de conduites : les unes recueillant le contingent en quinaires réservé à l’empereur pour ses palais, thermes, bassins, cirques et jardins ; une seconde, catégorie pour le public, et la troisième pour les particuliers. Ces derniers, habitants de divers groupes de maisons plus ou moins étendus, s’organisaient dans chaque groupe pour établir en commun, avec l’autorisation des magistrats, un château auquel chaque concessionnaire faisait adapter, à son usage, une tubulure d’un diamètre correspondant à la concession qui lui avait été dévolue[3].

  1. « Quae (Marcia, Tepula, Julia) ad libram collis Viminalis conjunctim infra terram cuntes, ad Viminalem usque portam deveniunt ; ibi rursus emergunt. Prins tamen pars Juliae, ad Spem Veterem excepta, castellis Caelii montis diffunditur. » (De Aquis, 19.) De même l’eau Claudia qui s’en allait à travers le Célius par la dérivation des arcs Néroniens.
  2. Cela résulte du sénatus-consulte cité plus loin par Frontin (De Aquis, 106). « Animadverterentque curatores aquaruni, quibus locis intra extra Urbem apte castella privati f’acere possent, ex quibus aquam ducerent quam ex castello communem accepissent a curatoribus aquarum. » — « Les curateurs examineront dans quel lieu, soit au dedans, soit au dehors de la ville, les particuliers pourront eux-même installer des châteaux d’où ils conduiront l’eau qui leur aura été donnée en commun des châteaux publics. »
  3. V. note précédente.