terrain simplement accidenté, avec quelques dépressions, par opposition aux régions montagneuses creusées de profondes vallées.
Aux mots « Cum venerit ad imum » commence le passage délicat, qu’aucune traduction ne me semble avoir bien rendu, de celles que je connais du moins.
La traduction de Perrault, — et Belgrand le fait justement remarquer, — offre une série de contre-sens. Elle est même, par endroits, inintelligible. La voici :
« Mais si les vallées sont fort longues, on y conduira les tuyaux en descendant selon la pente du coteau, sans les soutenir par de la maçonnerie ; et alors il arrivera qu’ils iront fort loin dans le fond de la vallée selon son niveau, qui est ce qu’on appelle ventre, dit koilia par les Grecs. Par ce moyen, lorsque les tuyaux seront parvenus au coteau opposé, ils contraindront l’eau qu’ils resserrent de remonter assez doucement à cause de la longueur de ce ventre ; car s’ils n’avaient été conduits par ce long espace qui est à niveau le long de la vallée, ils feraient, en remontant tout court, un coude qui forcerait l’eau à faire un effort capable de rompre toutes les jointures des tuyaux. »
Perrault aggrave encore son erreur par la note suivante :
« Cela n’est point vrai ; car l’eau, pour remonter tout court, n’en est point plus forcée, et plus la conduite est longue dans la vallée, et plus il y a de danger que les jointures ne se rompent, parce qu’il y a davantage de jointures. »
Les traductions de Maufras, dans la collection Panckoucke, de Tardieu et Coussin fils (Paris, 1859) et d’autres, ne valent guère mieux que celle de Perrault.
Belgrand[1] oppose aux contre-sens de Perrault une traduction, qui est en certains endroits plutôt un commentaire qu’une traduction proprement dite. Elle est inspirée par une idée très nette, — cela va de soi de la part du grand ingénieur, — mais elle pèche par de graves défauts d’exactitude :
« Si l’obstacle ne forme pas un trop long circuit, il faut le contourner ; mais si la vallée est continue, on fera descendre la
- ↑ Belgrand, ouvr. cité, p. 80.