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§ II. — Nivellements et pentes.

Appareils de nivellement. — « La méthode pour amener l’eau dans les villes et aux habitations, dit Vitruve[1], consiste d’abord dans le nivellement. Il s’opère au moyen des dioptres, des niveaux d’eau, ou du chorobate ; mais il est plus soigné avec ce dernier instrument, car les dioptres et les niveaux font commettre des erreurs[2]. »

On ne peut guère traduire que par « niveau d’eau » l’expression libra aquaria. Aussi bien, c’est la traduction littérale ; balance d’eau reviendrait au même, et serait moins clair. Quant aux dioptres, il devait y en avoir plusieurs espèces ; le mot a un sens assez large, et signifie instrument de visée ; la groma[3] par exemple, appareil usuel des arpenteurs romains, était, en somme, une dioptre. La dioptre que le physicien grec Héron d’Alexandrie[4] décrit en détail dans un traité qui nous a été conservé, pouvait servir à toutes sortes d’opérations d’arpentage, et en particulier aux nivellements, pour lesquels on y ajustait un niveau d’eau. Une mire y était jointe, très analogue à nos mires d’arpenteurs, et l’on opérait comme aujourd’hui.

Vitruve décrit ainsi le chorobate, son instrument préféré :

« Le chorobate est formé d’une règle d’environ vingt pieds ; elle porte, à ses extrémités deux pièces coudées parfaitement égales, qui y sont ajustées à angle droit ; entre la règle et ces crosses, s’étendent des traverses fixées par des tenons, et sur lesquelles sont tracées des lignes perpendiculaires correspondant chacune à un fil à plomb suspendu à la règle. Ces fils, quand la règle est en place, s’appliquant exactement et également sur les lignes tracées, font voir que l’instrument est bien de niveau.

  1. viii, 5.
  2. « Cujus ratio est prima perlibratio. Libratur autem dioptris. aut libris aquariis, aut chorobate, sed diligentius efficitur per chorobaten, quod dioptrae libraeque fallunt. » (Vitr iii, 5). Le texte de l’édition V. Rose, Leipzig, 1899, sera toujours suivi dans les citations de cet auteur.
  3. V. notre étude déjà citée : Essai sur la science et l’art de l’ingénieur aux premiers siècles de l’empire romain.
  4. Περί διὀπτρας. — Pour le détail de cet appareil et la description de son maniement, ainsi que pour tout ce qui concerne les opérations d’arpentage, on peut consulter l’ouvrage ci-dessus mentionné.