pour l’alimentation de la ville de Rome : Appia, Anio vetus, Marcia, Tepula, Julia, Virgo, Alsietina, Claudia, Anio novus. Deux autres, Trajana et Alexandrina, construits, l’un sous Trajan, l’autre sous Alexandre Sévère, complétèrent le nombre de onze, qui ne fut jamais dépassé, quoi qu’en ait dit Procope, l’historien grec du vie siècle ; son affirmation, qui porte ce nombre à quatorze, est controuvée.
Si, sur ces onze aqueducs, nous n’en comptons que deux qui fussent alimentés par la dérivation d’un cours d’eau et un seul par l’écoulement d’un lac, ce n’est pas seulement une preuve que les eaux de sources étaient plus estimées des Romains que les eaux courantes des rivières pour leur fraîcheur et leur pureté, cela démontre aussi l’habileté à laquelle on était parvenu dans les procédés de captage, et l’expérience qu’en avaient les ingénieurs longtemps avant que fût commencé le premier aqueduc de Lyon.
Méthode de prise d’eau à l’aqueduc romain de Sens. Relèvement du point d’émergence. — Néanmoins ce qui reste des anciens captages aux aqueducs de Rome est trop rare et trop peu net pour nous aider à reconstituer par la pensée ceux des aqueducs lyonnais. C’est un autre aqueduc antique des Gaules, celui de Sens, datant comme eux des premiers siècles de l’empire, qui va nous fournir tout d’abord un intéressant exemple des dispositifs que nous ne pouvons plus guère apercevoir autour de Lyon, et que pratiquaient les ingénieurs romains.
En exécutant le projet d’adduction des eaux de La Vanne qui alimentent Paris depuis une trentaine d’années, Belgrand[1], s’aidant d’une notice écrite par un professeur du lycée de Sens, M. Julliot, a reconnu, sur presque toute sa longueur, l’aqueduc romain qui conduisait dans cette ville l’eau de trois sources, comprises parmi les douze que recueille maintenant la ville de Paris. Ces trois sources sont celles de Noé, de Theil et de Saint-Philbert. Elles proviennent de nappes profondes et arrivent au jour par de véritables cheminées de puits artésiens forées dans la craie compacte. Ces cheminées sont remplies de cailloux, et constituent comme des drains ascendants qui ont eu pour but
- ↑ Ouvr. cité. V. ci-dessus, Introduction, p. xv.