également d’autres témoignages, celui d’une dame Vercherin, d’un nommé Gayet, etc. Ce fait, que m’ont rapporté aussi d’autres habitants du pays, peut être tenu pour certain.
Restitution du monument des tourillons. — Nous arrivons donc à la seconde travée du siphon, entre les tourillons de Craponne et le réservoir d’arrivée à Lyon. Le monument des tourillons lui-même a été fort ingénieusement restitué par M. Gabut, dont le mérite ne doit pas être rabaissé (fig. 8). Un détail seul demande une rectification ; ce sont ces manières d’arcs-boutants en plein cintre qui ne jouent aucun rôle pour la stabilité de l’ouvrage ; dont la paroi entièrement lisse de la grande pile ne marque nulle part le point d’attache ; et qui, par conséquent, n’ont pas pu exister. On n’a d’ailleurs jamais vu d’arcs-boutants semblables dans aucune construction, romaine ou autre. La réalité est beaucoup plus simple. Ce qui a été, de chaque côté de la petite pile, pris pour la naissance d’un arc-boutant, n’est autre chose que la partie supérieure mutilée du double contrefort de cette pile. On peut voir (fig. 9) qu’il n’y a guère qu’à effacer ces arcs-boutants pour rendre la restitution à la fois simple et tout à fait vraisemblable.
Siphon, et arrivée à Lyon. — Les tuyaux adaptés aux parois du réservoir, de la façon qui sera décrite plus loin pour les têtes de siphons de l’aqueduc du Gier, descendaient le long du rampant est du monument, s’enfonçaient un peu sous terre, suivaient ainsi la plaine des Cailloux, passaient sous la voie d’Aquitaine en face de l’endroit où se trouve actuellement le hameau du Tourais, et descendaient du plateau de Bel-Air vers le ruisseau de Charbonnières, qu’ils franchissaient sur un pont-siphon, à l’emplacement même du nouveau pont d’Alaï, ainsi que l’indiquent presque sûrement les restes de piles antiques trouvés sur les berges et dans le lit du ruisseau lors de la construction de ce pont, vers 1880[1].
- ↑ Ces restes ne peuvent être, en effet, ceux du pont sur lequel passait la voie d’Aquitaine, car celle-ci franchissait la rivière à 100 mètres en aval. Or, on n’eût pas fait pour deux routes deux ponts si voisins. C’est donc bien le pont-aqueduc. Voici la notice du baron Raverat (ouvr. cité), que le service des ponts et chaussées, consulté par nous à ce sujet, considère comme très exacte : « Dès les premiers travaux, en creusant le terrain pour la fondation des piles, on fut étonné de rencontrer à une certaine profondeur un massif de maçonnerie composé d’un blocage noyé dans du béton fait de chaux, de sable graveleux, et de tuileaux