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fruits pour la science, n’en retirât-elle aucun pour la réputation, qu’elle dédaignait et nommait plaisamment la gloire des bourgeois, la petite place que nous occupons dans le cerveau d’autrui.

« Elle le portait aussi, ce caractère noble, dans ses actions, toujours marquées au coin de la vertu, qu’elle aimait, disait-elle, comme une vérité géométrique. Car elle ne concevait pas qu’on pût aimer les idées d’ordre dans un genre sans les aimer dans un autre ; et les idées de justice, de vertu, étaient, suivant ses expressions, des idées d’ordre, que l’esprit devrait adopter, même quand le cœur ne les ferait pas chérir[1] ».

Est-ce assez péremptoire ? Une femme même peut être philosophe à ce point d’écrire « que l’Écriture sainte ne prévient point la postérité à l’égard des sciences[2] », et donner en même temps l’exemple du désintéressement et de la vertu. La vie de Sophie Germain apporte une clarté précieuse sur ce point délicat, et ce n’est

  1. Journal des débats, 18 mai 1832.
  2. Pensées.