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transformation que les sciences physiques. Déjà, l’opinion s’attend à ce changement, et en devance même la réalisation par un enthousiasme irréfléchi pour les doctrines qui en font naître l’espérance, mais les dangers de cet enthousiasme erroné ne seront pas durables, et, dans peu, le goût dont il est le symptôme sera pleinement satisfait. Les méthodes existent ; une difficulté née de l’amour-propre peut seule en reculer l’emploi ; les hommes capables de traiter de pareilles questions ont peur de ne pas être estimés de leurs pairs, et de ne pas avoir des juges éclairés dans des personnes non initiées aux sciences. Un pareil obstacle ne peut subsister longtemps, et nous pouvons, dès à présent, regarder les sciences morales et politiques comme appartenant au domaine des idées exactes ».

Quels sont les systèmes accueillis en 1831 par un enthousiasme irréfléchi ? Il est aisé de le deviner. On retrouverait plus difficilement ces esprits assez puissants pour réduire à des principes rigoureux les sciences morales et politiques, assez défiants d’eux-mêmes pour ne pas espérer qu’ils se feront comprendre, assez orgueilleux enfin pour cacher une solution dont leurs contemporains ne sont pas dignes. Sophie Germain se borne à quelques réflexions, dans lesquelles la mécanique seule semble l’éclairer et la conduire sans que l’étude de l’histoire et l’observation des faits soient appelés à contrôler les analogies ingénieusement signalées.