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bon personnifiera toutes les bontés, le cruel sera le type de la cruauté et quand la lutte commencera entre les personnages, il cherchera à s’astreindre à la logique des actes et des sentiments, et le dénouement sera vrai s’il est conforme aux règles d’une saine raison. Si le savant veut découvrir la loi de tout un ordre de phénomènes, il confrontera dans son imagination les impressions les plus vives et les idées générales qui s’y rapportent. Au milieu de toutes ces représentations, l’induction découvrira la loi, cette loi est aussi un idéal, car elle contient les phénomènes observés, elle comprend même ceux qui ne seront observés que plus tard. Si de la science nous passons aux arts de la forme, nous verrons l’idéal se concréter dans la statuaire et la peinture : le cheval arabe de Decamps, comprend les beautés de mille chevaux imparfaits ; la négresse de Cordier comprend tous les traits typiques de l’Éthiopienne ; le chêne peint par Rousseau n’existe pas, c’est le chêne des chênes, car Rousseau a rassemblé en lui les beautés de tous les chênes qu’il a contemplés.

Après les créations idéales dans la science, commence l’œuvre rigoureuse de la déduction, qui s’empare de tout et enlace les faits, les formes, les événements sous la domination de la loi. Mais le cœur aussi a sa logique ; et, si l’orateur veut émouvoir, il se conformera aux mêmes règles aux mêmes convenances.