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L’âme peut être affectée de la même manière par l’entremise de sens différents, parce qu’elle reçoit alors le même ordre d’idées.

Ainsi l’éloquence, l’art musical et la pantomime procèdent d’une manière analogue. La peinture ne dispose que d’un seul instant ; mais elle sait le choisir de façon à rappeler ceux qui ont précédé, et à faire pressentir la suite de l’action que le tableau représente.

Si l’on excepte un petit nombre de cas dans lesquels l’auditeur est préparé, par les circonstances du moment, à prêter toute son attention à l’orateur, celui-ci débute avec calme. Le musicien agit de même. Au commencement de sa pièce, il emploie une modulation simple et réserve les mouvements expressifs pour la suite de l’action.

Dans le spectacle de la nature, nous retrouvons cette gradation. Le lever du soleil est précédé d’un crépuscule, et un autre crépuscule annonce la fin de l’apparition de cet astre. L’écrivain et l’orateur terminent aussi leur oraison avec la même simplicité qu’elle a été commencée. Une pensée d’éclat jetée à la fin d’un discours laisserait l’auditeur dans une sorte d’éblouissement qui serait