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des masses entières qui nous donnent le spectacle d’une confiance illimitée dans leurs lumières et d’un mépris absolu pour les personnes qui, fidèles à d’anciens documents, sont restées étrangères à ce qu’on nomme les nouvelles idées.

La jeunesse surtout renchérit sur cette ridicule manie. Elle se croit beaucoup trop instruite pour ne pas dédaigner le ton aimable de plaisanterie, qui, chez notre nation, accompagnait autrefois une instruction réelle et des opinions éclairées. La littérature a besoin du secours des idées dominantes pour obtenir l’attention de ces graves censeurs.

Il n’est pas permis de faire rire, si ce n’est aux dépens des personnes qui se montrent ennemies des innovations. La raillerie est amère, elle a perdu la grâce qui savait en amortir les traits.

Ne nous alarmons pas de ces symptômes : ils ne seront que transitoires. Nous approchons de l’époque où le goût du public pour les idées exactes déterminera le talent à s’occuper des théories politiques. Lorsque la vérité aura trouvé des organes dignes d’elle, elle paraîtra simple, et il sera facile de la reconnaître. Elle répugne