Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nent de recevoir ; et le conseil de leur nourrice, qui les y invite, est suggéré par le désir que l’enfant manifeste naturellement d’être vengé d’une attaque qu’il regarde comme volontaire. L’observateur peu réfléchi pense alors que l’enfant raisonne mal, tandis que ses idées dérivent immédiatement du même sentiment d’analogie qui a porté l’homme, placé dans une position différente, à des idées dogmatiques entièrement opposées.

Où trouverons-nous à présent la solution de la difficulté qui nous occupe ? Les raisonnements a priori ne peuvent l’atteindre, puisqu’ils sont tous formés par la raison, dont nous voulons juger la manière d’agir ; et, lorsque nous avons recours aux preuves extérieures, nous voyons que, suivant la position de l’observateur, l’analogie le conduit aux opinions les plus contraires.

Ah ! si les conjectures de l’homme eussent toujours été réalisées ; si l’expérience eût sanctionné tous les systèmes qu’il a imaginés ; si, lorsqu’il avait jugé de l’impossibilité d’un fait, d’un ordre quelconque de choses, contemporaines ou successives, l’observation n’eût jamais démenti ses décisions théoriques, qui pourrait dou-